Le plateau télévisé Actu Matin de Canal 3 Bénin a reçu l’honorable Maixent DJEIGO, député natif de Ouidah, pour discuter des récents Vodun Days 2025, un festival célébrant la culture et les traditions Vodun, qui s’est tenu dans sa ville natale. Dans un entretien riche en émotions, l’honorable Maixent DJEIGO a souligné l’importance de cet événement pour Ouidah, qui, selon lui, se transforme en une destination touristique incontournable, un véritable musée à ciel ouvert. Il a évoqué les retombées économiques et culturelles générées par le festival, notamment grâce à l’inauguration d’infrastructures comme une arène dédiée à la ville de Ouidah.
Toutefois, cette célébration a failli être assombrie par des événements tragiques survenus dans le septentrion, où des attaques ont coûté la vie à plusieurs soldats. L’honorable Maixent DJEIGO a exprimé sa solidarité avec les familles endeuillées tout en affirmant l’importance de maintenir les festivités, qui attirent des milliers de visiteurs et contribuent à la valorisation du patrimoine culturel béninois. Le député a également abordé la signification des consultations du Tòfâ, révélant des perspectives de développement tout en appelant à la vigilance collective face aux menaces sécuritaires. Ce dialogue entre tradition et modernité, joie et deuil, a mis en lumière les défis et les espoirs qui jalonnent la route du Bénin vers un avenir plus serein.
Entretien.
Journaliste : Notre invité, natif de Ouidah est député à l’Assemblée nationale. Il s’agit de Maixent DJEIGO.
Honorable Maixent DJEIGO : Je suis honoré de votre démarche à partager avec l’humanité mes sentiments au lendemain de l’organisation réussie des Vodun Days 2025.
Journaliste : Vodun Days 2025, stop et fin. Qu’est-ce qu’on retient, vous qui êtes natif de Ouidah ?
Honorable Maixent DJEIGO : Je vous remercie de nous donner cette opportunité, dès le lendemain, de la fin des festivités, de nous permettre de nous exprimer à chaud sur les Vodun Days. Il va sans dire que si nous devons faire un bilan abouti, nous n’avons pas encore tous les éléments. Mais ce que nous pouvons déjà retenir, c’est que Ouidah a été honorée et valorisée. Honorée parce que le chef de l’État, en faisant le choix, lui et son gouvernement, d’installer ce festival des Vodun Days à Ouidah, a mis en avant notre ville. Il est important de préciser que les Vodun Days sont un festival qui se tient à Ouidah et qui a connu deux éditions. Les spécialistes diront qu’il y a eu une édition 0 et une édition numéro 1.
Ce festival se déroule pendant les fêtes traditionnelles. Vous savez que les célébrations du Vodun du 10 janvier ont été soutenues par une loi, et désormais cela s’appelle les fêtes des religions traditionnelles, célébrées le deuxième vendredi du mois de janvier de chaque année. De plus, la veille, qui est un jeudi, est également fériée, car, en matière de Vodun, des libations doivent être faites avant d’engager les festivités. Ainsi, jeudi et vendredi sont fériés, ce qui tombe dans un week-end, soit samedi et dimanche. Cela permet aux adeptes du Vodun et aux dignitaires de se réjouir de ne pas avoir une seule journée de célébration, mais plutôt deux jours officiels, voire quatre jours de célébration. Cela s’applique sur toute l’étendue du territoire national. Les Vodun Days se déroulent à Ouidah, mais la fête des religions traditionnelles se célèbre dans tout le pays, partout où l’on peut évoquer le Vodun.
Ouidah est honorée d’abriter cet événement. La ville se réjouit d’accueillir cet événement en raison des nombreuses retombées qu’il génère. Le président de la République Patrice Talon et son gouvernement ont engagé des investissements structurants dans la ville et ont créé de nombreux sites d’accueil et touristiques, qui sont aujourd’hui des réceptacles pour les événements des Vodun Days.
Ces spectacles des Vodun Days permettent également de mettre en valeur notre patrimoine immatériel, notre richesse immatérielle, et d’en faire une source de revenus. Nous n’avons pas de pétrole, nous n’avons pas d’or, du moins pas pour le moment, je n’en ai pas vu. Cependant, nous savons que cette richesse inépuisable, issue de nos cultes, de notre culture, de nos traditions et de nos croyances, est quelque chose que nous structurons bien, et nous travaillons à la rendre attrayante pour l’extérieur. Tout cela nous permet de renforcer notre offre touristique et de faire en sorte que le Bénin, et Ouidah en particulier, deviennent des destinations prisées à travers le monde.
Journaliste : On a pu constater tout l’investissement que le gouvernement a mis dans cette organisation. En termes de retombées, on y voit également beaucoup d’infrastructures dont bénéficie la ville de Ouidah, comme l’arène qui a été inaugurée, par exemple.
Honorable Maixent DJEIGO : Disons que le coup de cœur en termes de réalisation d’infrastructures pour l’édition 2025, c’est cette magnifique arène. Elle a accueilli, en apothéose, la fin des Vodun Days. Pendant 3 à 4 jours, toutes les manifestations, tous les rythmes qui ont animé la ville de Ouidah se sont retrouvés au sein de l’arène pour offrir un spectacle de choix.
Une chose particulière, le Dawe (le Bambou), qui est souvent mis en avant, a été l’un des spectacles qui ont permis au Bénin de remporter sa médaille d’or aux arts nègres il y a quelques dizaines d’années.
Le journaliste : Aujourd’hui, peut-on dire, sans se tromper, que Ouidah est une bonne destination touristique à l’échelle internationale ?
Honorable Maixent DJEIGO : Ouidah était une bonne destination touristique ; je dirais même que Ouidah est une très bonne destination touristique. Aujourd’hui, j’aime dire que c’est un musée à ciel ouvert. Le gouvernement parle de Cité-Musée.
Et vous savez qu’en tant que touriste, vous pouvez venir à Ouidah sans nécessairement visiter les sites. Je ne le conseille pas, je ne le recommande pas, mais s’il vous arrive de ne pas aller dans les sites répertoriés par le gouvernement, vous pouvez séjourner à Ouidah et profiter de votre séjour, remplir vos objectifs en termes de découverte touristique. Il n’y a pas de week-end sans une manifestation typique de Vodun dans l’une des maisons de Ouidah. Il est donc juste de mettre en valeur toutes ces richesses de cette magnifique ville, qui, aujourd’hui, vous avez dû le constater, a été décorée et reconstruite pour être davantage capable d’accueillir ces manifestations.
Je fais partie de ceux qui pensent qu’aujourd’hui, nous ne pouvons que rendre justice à Ouidah, qui a longtemps été le théâtre du départ d’esclaves, un départ marqué par des pleurs, du sang et de la sueur. Aujourd’hui, avec une joie renouvelée, les descendants de ceux qui sont partis reviennent dans leur pays, je dis bien dans leur pays, pour célébrer le Vodun avec nous.
Journaliste : Au cœur des célébrations, il y a eu la consultation du Tòfâ. Nous savons combien les Béninois sont attachés justement à cette consultation qui déroule un peu comment l’année va se passer. Comment accueillez-vous le signe qui est sorti de cette consultation ?
Honorable Maixent DJEIGO : Vous savez que le fâ est une science, et de plus en plus, nous sommes nombreux à y croire. Que l’on nourrisse une croyance au Vodun ou pas, le fâ fait des démonstrations scientifiques. C’est une approche méthodologique, et quand on est initié, on peut déjà comprendre, et on n’a même pas besoin d’être forcément initié ; on peut être consommateur du fâ, et cela n’empêche pas d’avoir d’autres croyances. Les spécialistes ont interprété le signe qui est sorti.
Je retiens que le fâ nous dit que nous aurons davantage de développement et davantage de richesses, mais qu’il faut savoir protéger ces richesses. Il indique également que des personnes pourraient s’attaquer à nous, ce qui nous rappelle que la maison doit être bien gardée et que nous devons faire l’effort de rester unis, solides ensemble, pour pouvoir bien garder la maison, protéger notre richesse et notre développement.
C’est vrai qu’il y a quelques interprétations ; je ne sais pas si vous avez appris que le fâ recommande de réduire les virées nocturnes.
Journaliste : Avec ces célébrations, il y a eu quelques événements malheureux, des incidents par-ci, des attaques par-là. Nous allons surtout marquer un arrêt sur cette attaque dont le Bénin a été victime dans le septentrion, qui a coûté la vie à un nombre assez considérable de nos forces de défense et de sécurité. C’est tout de même un détail qui a un peu terni les célébrations des Vodun Days cette année.
Honorable Maixent DJEIGO : C’est un choc, un choc que nous avons tous reçu. Avant d’aller plus loin, nous devons nous recueillir en mémoire de nos soldats, ceux qui nous défendent et qui sont sur le front pour nous protéger. On vient de parler de signes du fâ qui demandent que la maison soit davantage protégée, et en pleine célébration, nous recevons ce choc.
Le timing de cet événement me choque et me désole, nous attriste. Nous devons tous présenter nos condoléances aux familles de ceux qui ont disparu, et pour ceux qui sont blessés, nous leur souhaitons un prompt rétablissement.
Le Président de la République, devant l’Assemblée nationale, a commencé son discours en rappelant que c’est un défi permanent pour nous de protéger nos frontières et d’être vigilants pour défendre notre territoire national contre ces attaques révoltantes et injustifiées. Cela dit, je pense que les forces armées, ainsi que les forces de sécurité et de défense, sont prêtes. Nous leur souhaitons beaucoup de courage et beaucoup d’énergie.
Elles ont déclaré elles-mêmes n’avoir jamais été aussi équipées, et dans ces moments-là, tant mieux si les équipements existent. Nous devons prier pour qu’il y ait davantage de vigilance et de stratégies pour éviter que de tels événements malheureux ne se reproduisent. C’est encore frais ; nous sommes tous malheureux d’en parler. Nous sommes en deuil, et nous présentons nos condoléances à toute la nation béninoise, à commencer par le Président de la République et particulièrement aux familles de ceux qui ont donné leur vie pour notre sécurité, pour que notre quiétude soit préservée.
Journaliste : Il y a quelques jours à l’Assemblée nationale, le chef de l’État, dans son discours, rassurait sur le fait que toutes les dispositions avaient été prises pour faire face à ce phénomène. Sa visite à Allada, où il a rencontré les éléments de la garde nationale, était également empreinte d’un ton rassurant. Est-ce que, vraiment, vous qui êtes à l’Assemblée nationale, vous assurez le contrôle de ce qui se fait par le gouvernement du côté de l’armée ?
Honorable Maixent DJEIGO : Nous n’avons pas eu besoin de poser la question au Chef de l’État avant qu’il n’aborde d’emblée la question de la sécurité dans son discours. Nous pouvons investir autant que nous le souhaitons, développer toutes les stratégies et déployer toutes les actions sur le terrain, mais si la sécurité n’est pas au rendez-vous, si elle n’est pas à son maximum, il y aura toujours quelque chose qui manquera, et il y aura toujours de l’incertitude pour l’investisseur, notamment celui qui vient renforcer notre tissu industriel.
Le Chef de l’État a donc abordé ce point. Nous venons de terminer la période d’adoption du budget, et cela a été un cas particulier lorsque le ministre délégué auprès du Président de la République, en charge de la défense, est venu présenter son budget. Cet aspect a attiré l’attention et fait l’objet d’une attention particulière de la part des députés.
Nous sommes en face d’une guerre, disons-le simplement. Vous savez, quand il y a un militaire dans un coin, notamment dans cette zone, il est habillé en uniforme. On le reconnaît, mais le djihadiste, ou plutôt celui qui attaque, se déguise en berger, en commerçant, et personne ne peut les identifier jusqu’à ce qu’ils s’attaquent à nos forces.
C’est une guerre déséquilibrée, et il faudra davantage de stratégies. Mais je crois que nos forces armées sont suffisamment galvanisées. Le fait que le Chef de l’État, comme vous le soulignez, soit allé déjeuner avec eux et ait présenté ses vœux à la nation depuis la caserne de Dessa à Allada en est un bon exemple.
Journaliste : Que répondez-vous à ceux qui pensent qu’on aurait pu surseoir à la célébration des Vodun Days au nom des soldats qui ont perdu la vie dans cette attaque ?
Honorable Maixent DJEIGO : À chacun sa vision, à chacun son opinion. Ceux qui se gargarisent des malheurs qui nous arrivent ont certainement leur stratégie. À mon sens, vous avez dû remarquer que les Vodun Days ne sont pas une action en l’air. C’est toute une stratégie. C’est tout un déploiement. Il y a autant d’invités que de touristes présents. Vous savez, l’année dernière, nous avons compté 100 000 participants, et cette année, nous avons certainement doublé ce chiffre.
Comme je vous le disais, les statistiques à l’heure du bilan nous éclairent. Alors, imaginez que nous annulions tout ceci : les dégâts que nous avons connus dans le septentrion, ou plutôt sur le terrain de l’affrontement, pourraient être les mêmes si nous annulons. Ce n’est pas responsable pour un État d’annuler une manifestation aussi grandiose et aussi finalisée, surtout que cela se fait en pleine manifestation. Ceux qui ont perpétré ce vilain coup ne donnent aucune possibilité au gouvernement de faire autrement que de continuer la manifestation.
Journaliste : Merci à vous, honorable Maixent DJEIGO d’être passé sur le plateau d’Actu Matin. C’est la fin de nos échanges. Avez-vous un dernier mot ?
Honorable Maixent DJEIGO : Je voudrais vous demander de me permettre de remercier la presse béninoise pour sa couverture exceptionnelle des Vodun Days. J’ai été séduit. C’est vrai que nous aurions aimé que tout le monde soit à Ouidah, mais ceux qui sont restés chez eux ont pu suivre, que ce soit sur la chaîne nationale ou sur d’autres chaînes. Je ne vais pas citer vos concurrents, mais je mentionne Canal 3. Toutes les chaînes se sont mobilisées pour couvrir ces Vodun Days.
En dehors de la presse, je tiens à saluer la sécurité à l’intérieur de Ouidah, ainsi que les agents de santé présents. Mon coup de cœur en la matière va à la société de gestion des déchets et de la salubrité, qui a déployé plus de 300 agents. J’ai rencontré le directeur général dans sa tenue, je ne l’ai pas reconnu. C’est lui qui est venu me saluer. Je le salue. Ils ont fait un travail remarquable, la ville est restée très propre, et je crois que c’est assez important d’être souligné. Cela prouve que chacun a donné le meilleur de soi pour que l’édition 2025 des Vodun Days soit un succès. Je remercie tout le monde.
Journaliste : Rendez-vous en 2026.
Salle de Presse – Repères Impacts