L’ouverture de la cause de béatification du cardinal Bernardin Gantin – décidée aujourd’hui 15 janvier 2025 par la Conférence épiscopale du Latium – est un événement attendu avec beaucoup d’enthousiasme, surtout en Afrique, mais aussi dans tout le monde catholique. Figure d’une importance extraordinaire dans l’histoire de l’Église au XXe siècle, Gantin est resté dans les mémoires comme un pasteur humble et clairvoyant, un homme de foi inébranlable et un pont entre les cultures, capable d’incarner les valeurs de justice, de paix et de fraternité.
Né le 15 mai 1922 à Toffo au Bénin, Gantin a été ordonné prêtre en 1951, à une époque où le catholicisme africain était encore au début de sa pleine maturité ecclésiale. Son parcours épiscopal a commencé tôt : en 1957, il a été consacré évêque, le plus jeune d’Afrique de l’Ouest, à l’âge de 34 ans seulement. Au cours des années du Concile Vatican II, Gantin a participé activement aux travaux, aidant à faire entendre la voix de l’Afrique dans le débat universel sur l’Église et le monde contemporain.
En 1971, le pape Paul VI l’appelle à Rome, l’engageant sur un chemin qui fera de lui l’un des collaborateurs les plus influents du Saint-Siège. Gantin a occupé des rôles de premier plan, dont celui de préfet de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, puis celui de celui des évêques. Enfin, il fut doyen du collège des cardinaux, devenant ainsi le premier Africain à diriger le Sénat de l’Église. Au cours de son ministère romain, il a toujours été animé d’un profond sens du service et de l’amour de l’Église universelle, mais il a maintenu un lien étroit avec ses racines africaines, qu’il considérait comme un trésor à partager avec le monde.
Son retour au Bénin en 2002, après des décennies au service de la Curie romaine, a été un geste emblématique : Gantin a choisi de passer ses dernières années sur la terre qui l’a vu naître, vivant dans la simplicité et restant un point de référence pour l’Église locale et internationale. Sa mort en 2008 a provoqué une vague d’émotion, accompagnée d’une reconnaissance unanime pour sa contribution extraordinaire à l’Église et à la société.
Le début de la cause de béatification intervient aujourd’hui comme une reconnaissance officielle de son exemple de sainteté. Son témoignage de vie – caractérisé par un équilibre entre le service humble et l’amour profond pour l’Église – continue d’inspirer non seulement les catholiques africains, mais aussi le monde entier.
Le cardinal Gantin n’était pas seulement un ecclésiastique de haut niveau, mais aussi un homme qui incarnait les valeurs de l’Évangile avec un style de vie sobre et proche des plus faibles. Il aimait se qualifier d’« Africain dans l’Église universelle », soulignant la contribution que le continent pouvait apporter au catholicisme. Il était également un ardent défenseur du dialogue interreligieux et interculturel, reconnaissant l’importance de construire des ponts dans un monde souvent divisé par les conflits et l’incompréhension.
La phase diocésaine de la cause de béatification, qui s’ouvrira officiellement au Latran dans un avenir proche, sera l’occasion d’approfondir encore plus la figure de ce « géant africain », comme l’a défini Jean-Paul II, et de mettre en lumière les vertus héroïques qui ont marqué son existence.
Le chemin vers la béatification de Bernardin Gantin représente également un moment d’espérance pour l’Église africaine, qui voit en lui un modèle de foi, de service et de dévouement. Un chemin qui n’est pas seulement un hommage à sa mémoire, mais aussi une invitation à suivre son exemple d’amour pour Dieu et pour l’humanité.
Hugues Hector ZOGO