Depuis des lustres, le Nigeria est dans une sacrée impasse : incapable de gérer la marée de diplômés qu’il crache chaque année. C’est donc sans surprise que de nombreux étudiants nigérians ont décidé de prendre leurs cliques et leurs claques pour aller étudier ailleurs. Le choix est vaste : le Ghana, le Togo, le Bénin, le Cameroun, voire même l’Occident ou l’Asie. Et là, nous sommes en face du drame. Le Bénin, ce repère de magouilles et de combines, vient de montrer à la face du monde son incapacité à sévir les vrais bandits tapis au sein de l’administration. Scandales à la pelle, hold-up à tous les coins de rue, corruption à foison… Eh bien, tous félicitent le Bénin de s’être illustré avec cette belle image au niveau de l’enseignement supérieur : le pays fabrique de faux diplômes sur la misère de jeunes gens et jeunes filles africains en quête du mieux-être. Le film se déroule !
Dans un sombre univers de l’enseignement supérieur béninois, où règnent les magouilles et les deals, se dévoile un scandale aussi énorme que révoltant : la découverte de la vente de faux diplômes aux étudiants nigérians. Dans une salle d’un immeuble quasiment discret, quelque part en grande ville, se déroule une scène secrète qui pourrait se révéler explosive. L’air est étouffant et chargé d’une atmosphère lourde de conspiration. Des individus aux visages sombres et inquiétants sont assis autour d’une table en bois usé, éclairée par une lumière tamisée. Au centre de la table, une pile de faux diplômes soigneusement emballés attend d’être vendue. Le chef de l’opération, un homme au physique imposant et à l’expression impénétrable, trône à la tête de la table. Il porte un costume noir ajusté et une cravate sombre qui donnent une allure digne de confiance. Les autres membres de son groupe sont tout aussi bien habillés, leur apparence soignée contrastant avec la noirceur de leurs intentions.
Un silence pesant enveloppe la pièce, seulement interrompu par le bruit des voitures passant dehors. Les regards se croisent, remplis de suspicion. Les individus discutent à voix basse, chacun exposant les détails des faux diplômes dont ils disposent et leurs techniques de vente. Plusieurs ordinateurs portables sont ouverts, révélant des sites web sombres où les acheteurs en quête de reconnaissance académique peuvent obtenir des diplômes falsifiés. Les visages des clients potentiels sont flous, cachés par plusieurs niveaux de sécurité. Un homme, maigre et hésitant, raconte comment il s’est fait passer pour un docteur pendant des années grâce à un diplôme acheté dans ce réseau secret. Les autres l’écoutent avec attention, évaluant la crédibilité de son histoire et la fiabilité des diplômes vendus. Soudain, un bruit sourd retentit dans le couloir, faisant sursauter tout le monde. Le chef se lève brusquement et verrouille la porte, s’assurant que personne ne les dérange. La tension monte d’un cran. La réunion reprend et se termine par la distribution des enveloppes contenant les faux diplômes. Les membres du groupe se partagent les bénéfices, comptant soigneusement les billets avant de les ranger dans leurs poches. Leur échange est rapide et professionnel, aucune émotion ne transparaît sur leurs visages alors qu’ils dissimulent leur sombre secret sous une façade de normalité quotidienne. La salle se vide peu à peu, les membres se fondent dans la foule extérieure, disparaissant dans la ville comme s’ils n’avaient jamais existé. La scène semble ordinaire, mais elle abrite un réseau complexe de malversation de vente de faux diplômes, prêt à exploiter les désirs et les ambitions des personnes en quête de reconnaissance académique à n’importe quel prix.
Toutefois, tous les étudiants ne sont pas partisans de ces pratiques frauduleuses. Animés par un sens aigu de la justice, certains décident de rassembler des preuves pour dénoncer ce scandale au grand jour. Ils montent un dossier solide, comprenant des enregistrements audios, des photographies compromettantes et même des témoignages d’anciens étudiants ayant acheté leurs diplômes. Ils font appel à un journaliste d’investigation qui est très bien outillé. Il utilise la technique d’immersion et réclame son diplôme contre une somme conséquente. Il l’obtient en moins de 6 semaines au Bénin, sans avoir été préalablement inscrit à l’université et sans aucun contact avec cette dernière. Les preuves accablantes sont publiées dans la presse. Les médias béninois sont choqués par l’ampleur de ce scandale et le grand public est indigné de voir l’intégrité de l’enseignement supérieur trahie de la sorte. Les autorités sont contraintes d’agir et d’enquêter sur ce réseau illégal de vente de faux diplômes.
Des mesures strictes sont prises pour renforcer la sécurité des diplômes et lutter contre ce commerce frauduleux. Les complices du réseau sont identifiés et traduits en justice. Les étudiants qui ont été victimes de cette escroquerie sont soutenus dans leurs démarches pour obtenir une reconnaissance académique légitime. Ce scandale marque un tournant dans le paysage de l’enseignement supérieur béninois. Il met en évidence les failles du système et rappelle l’importance de préserver l’intégrité et la valeur des diplômes obtenus légalement.
Depuis de nombreuses années, un nombre considérable de cadres nigérians ont été formés au Bénin, principalement grâce à des instituts de langues, à la HOUDEGBE NORTH UNIVERSITY, à l’Université d’Abomey-Calavi, ainsi qu’aux universités publiques et privées du Ghana. Cette migration est alimentée par une pratique troublante au Nigeria : tout jeune citoyen ayant terminé ses études universitaires est contraint de servir sous les drapeaux. Cette obligation a créé un marché lucratif de corruption. Afin d’intégrer le service militaire, les citoyens sont contraints de verser une rançon, que ce soit pour obtenir les lettres d’autorisation ou pour être admis dans les camps d’entraînement. Cette situation intolérable a forcé de nombreux Nigérians, fraîchement diplômés, à se détourner de leur pays d’origine et à chercher refuge dans des nations voisines, telles que le Bénin, le Togo et d’autres pays africains.
Pour les étudiants nigérians, cette situation présente certains avantages. En plus de leur maîtrise de l’anglais, qui est une langue plus puissante dans les affaires, leur séjour prolongé dans les pays francophones leur permet d’apprendre le français. Toutefois, il est à déplorer une hostilité notable envers l’obligation de prendre des cours en français et de devenir francophone. Les réformes entreprises au Bénin ont entraîné des tentatives d’harmonisation, ce qui a poussé plus de 200 000 étudiants nigérians à fuir vers le Cameroun, le Togo et le Ghana. Ces étudiants ont essayé de poursuivre leurs études dans ces pays, mais ils n’ont pas bénéficié des mêmes avantages culturels car au Bénin, ils gravitaient principalement dans l’ère yoruba et nago, entre Cotonou, Akpakpa, Porto-Novo, Sakété, Ifangni et d’autres villes. Cette situation a conduit à la prolifération d’établissements d’enseignement privés et d’établissements pirates au Bénin. Certains de ces établissements étaient dirigés par des ressortissants nigérians, qui proposaient des filières entièrement anglophones, alors que les programmes autorisés à l’origine étaient simplement des traductions du français vers l’anglais, dispensées par des enseignants polyvalents, avec des cours de français en complément.
Le Nigeria dispose de dispositions spéciales pour les diplômes étrangers. Tous les diplômes ou formations supposément obtenus à l’étranger doivent être évalués à leur retour au Nigeria. Les lauréats présumés sont envoyés en stage et soumis à des concours finaux. Au fil des années, les étudiants issus de formations au Bénin se sont distingués lors de ces évaluations. Cependant, alors que le Nigeria évolue vers le système LMD (Licence-Master-Doctorat), le Bénin a annoncé officiellement qu’il mettait progressivement en œuvre ces réformes, ce qui a créé de la confusion. Cette situation pose deux difficultés majeures. Tout d’abord, les diplômes délivrés au compte-gouttes par les autorités du ministère de l’Enseignement Supérieur du Bénin sont systématiquement rejetés une fois arrivés au Nigéria. Ensuite, les diplômés ayant étudié les langues françaises et ayant réussi les examens nationaux se voient refuser l’accès aux formations militaires au Nigéria. Cette problématique a impacté l’un des établissements les plus anciens et les plus réputés au Bénin. Une étudiante ayant obtenu son diplôme lors des examens nationaux s’est retrouvée expulsée tandis que des étudiants provenant d’établissements pirates, non reconnus par l’État béninois et n’ayant même pas une présence physique dans le pays, parvenaient à intégrer les forces armées. Ces étudiants s’appuient sur la complicité de promoteurs béninois, entretenant ainsi un réseau de corruption auprès des autorités nigérianes chargées de l’évaluation des programmes et du service militaire. Malgré les mesures légales prises au Bénin, cette situation a favorisé le développement d’établissements de diplômes et la vente ou l’attribution illégale de diplômes à des citoyens nigérians sans avoir jamais mis les pieds au Bénin, sans avoir bénéficié d’une quelconque formation, et souvent inconnus des établissements eux-mêmes. Ces individus parviennent pourtant à obtenir des diplômes moyennant une somme d’argent.
Les vrais acteurs à sévir se retrouvent pris dans un engrenage implacable. Patrice Talon doit rétablir le respect dans le système de l’enseignement supérieur au Bénin. Dans une affaire aussi grave que la vente de faux diplômes dans l’enseignement supérieur, il est crucial d’établir un tableau de sanctions sévères pour décourager les magouilles entre membres de l’administration. Tout d’abord, il faut instaurer des peines d’emprisonnement substantielles pour les coupables. Les personnes impliquées dans la vente de faux diplômes doivent être poursuivies pour fraude et corruption, et condamnées à une peine de prison minimale de plusieurs années. Ces sanctions devraient être assorties de lourdes amendes pour dissuader les individus de participer à des magouilles similaires à l’avenir. Les coupables devraient être immédiatement révoqués de leurs fonctions au sein de l’administration. La confiance du public dans l’enseignement supérieur est sérieusement compromise lorsque des membres corrompus de l’administration sont autorisés à continuer leur travail. Ainsi, une révocation immédiate et définitive devrait être appliquée, empêchant ces individus d’occuper à jamais une fonction similaire. Par ailleurs, une enquête approfondie doit être menée pour déterminer l’ampleur de la fraude et identifier tous les coupables. Cette enquête devrait être menée de manière transparente et indépendante afin de rétablir la confiance du public dans l’intégrité de l’enseignement supérieur. Une fois les coupables identifiés, leur nom et leurs actions doivent être rendus publics, renforçant ainsi la dissuasion et l’exposition de ces comportements répréhensibles.
Les sanctions doivent être attribuées sans crainte. Les autorités avaient identifié onze établissements impliqués dans ce dispositif frauduleux. Cependant, malgré ces informations officielles, aucune action n’a été entreprise dès 2017. Même lorsque le Ministère de l’Enseignement Supérieur avait proposé une liste d’une dizaine d’établissements pouvant dispenser les cours en français et en anglais, cette initiative n’a pu aboutir en raison de la corruption régnant au sein du ministère. Il est essentiel de mettre en place des mécanismes de contrôle et de surveillance renforcés pour prévenir de tels actes à l’avenir. Ces mesures de prévention peuvent inclure la mise en œuvre de procédures de vérification rigoureuses des diplômes, la création d’un cadre réglementaire solide et l’établissement de comités d’éthique indépendants pour veiller à l’intégrité de l’administration. Dans l’ensemble, il est crucial d’adopter une approche ferme et déterminée pour sanctionner les magouilles entre les membres de l’administration impliqués dans la vente de faux diplômes. Seules des sanctions sévères et dissuasives peuvent contribuer à éradiquer cette pratique dévastatrice et restaurer la confiance de la société dans l’enseignement supérieur.
Le scandale des diplômes contrefaits révèle des failles majeures dans le système d’enseignement supérieur béninois, pour lesquelles le Directeur Général de l’Enseignement Supérieur (DGES) et le ministre LADEKAN doivent assumer leur entière responsabilité. Leur incapacité à agir avec fermeté face à cette fraude généralisée a eu des conséquences dévastatrices pour le pays, sa réputation et surtout pour les étudiants légitimes. Tout d’abord, le DGES et le ministre LADEKAN étaient responsables de la mise en place de mesures efficaces pour prévenir et détecter les cas de contrefaçon de diplômes. Cette responsabilité primordiale exigeait une surveillance étroite des procédures d’attribution des diplômes et des organismes habilités à les délivrer. Or, il est évident que ces contrôles n’ont pas été suffisamment stricts, permettant ainsi à des individus mal intentionnés de produire et de faire circuler de faux diplômes en toute impunité. De plus, le rôle du DGES et du ministre LADEKAN était également de garantir l’intégrité du système éducatif béninois. En tolérant la présence de diplômes contrefaits sur le marché de l’emploi, ils ont gravement compromis la valeur des diplômes authentiques et dévalorisé les efforts et les accomplissements légitimes des étudiants. Cette absence de fermeté a ainsi sapé la confiance envers l’enseignement supérieur béninois, tant au niveau national qu’international. Enfin, la responsabilité du DGES et du ministre LADEKAN réside également dans leur gestion des répercussions du scandale. Il était de leur devoir d’agir rapidement et efficacement pour identifier les fautifs, prendre des sanctions appropriées et mettre en place des actions correctives. Malheureusement, leurs réponses ont été tardives, inefficaces et insuffisantes, laissant les étudiants légitimes dans l’incertitude quant à la validité de leur diplôme et leur avenir professionnel. Le DGES et le ministre LADEKAN ont failli à leur responsabilité en matière d’enseignement supérieur en ne prenant pas des mesures adéquates pour prévenir et combattre les fraudes aux diplômes. Leur inaction a entraîné des conséquences préjudiciables pour l’image du Bénin et pour les étudiants légitimes, les privant d’opportunités professionnelles et mettant en doute la valeur de leur formation. La démission de ces responsables est donc inévitable afin de restaurer la confiance et maintenir l’intégrité de l’enseignement supérieur béninois.
Hugues Hector ZOGO