La samba est un genre musical originaire du Brésil et qui a émergé au 19ème siècle, principalement dans les régions de Rio de Janeiro, Bahia et Pernambuco. Elle est étroitement liée à l’histoire de la traite des esclaves africains au Brésil, et plus généralement à l’influence de la culture africaine dans la formation de l’identité brésilienne.
La traite des esclaves africains a été une période sombre et tragique de l’histoire mondiale. Entre les XVIème et XIXème siècles, des millions d’Africains ont été enlevés de force sur leur continent natal et forcés de travailler comme esclaves dans les plantations de sucre, de coton et de café en Amérique. Le Brésil a été l’un des principaux destinataires de ces esclaves, avec près de 4 millions d’Africains déportés entre le 16ème et le 19ème siècle.
La traite des esclaves a eu un impact profond sur tous les aspects de la société brésilienne, et la musique n’a pas fait exception. Les esclaves africains ont apporté leur propre culture, leurs traditions et leurs instruments de musique au Brésil, et ces éléments ont commencé à se mélanger avec les traditions musicales indigènes et européennes existantes. C’est dans ce contexte que la samba est née.
La samba est un mélange de divers styles musicaux africains, européens et indigènes brésiliens. Les rythmes syncopés, les mélodies envoûtantes et les paroles souvent-poétiques sont des éléments caractéristiques de la samba, et ils reflètent l’influence de la culture africaine dans la création de ce genre musical. En écoutant et en jouant de la samba, on peut reconnaître les échos de la souffrance, de la résistance et de la joie des esclaves africains.
La samba a joué un rôle très important dans la formation de l’identité brésilienne. Pendant des décennies, elle a été considérée comme un genre marginalisé et lié aux quartiers pauvres et aux personnes d’origine africaine. Cependant, au début du 20ème siècle, la samba a commencé à gagner en popularité et à être reconnue comme une expression de la culture brésilienne. Des percussions exubérantes, des danses rythmées et des paroles qui reflètent la réalité vécue par la population ont touché et réuni des gens de toutes les classes sociales et de toutes les origines ethniques.
La samba a également joué un rôle crucial dans le mouvement de la négritude au Brésil, une affirmation de la fierté et de la revendication de l’identité africaine par les Afro-brésiliens. Dans les années 1930, des personnalités telles que les compositeurs Noel Rosa et Cartola sont devenues des figures emblématiques de la samba et ont contribué à la reconnaissance de cette musique comme un élément important du patrimoine culturel brésilien.
Cependant, même si la samba est considérée comme une musique emblématique du Brésil et joue un rôle central dans les célébrations du carnaval, son histoire et son contexte d’origine, à savoir la traite des esclaves africains, sont souvent ignorés ou minimisés. De nombreuses personnes n’ont pas une conscience approfondie de la relation entre la samba et la traite des esclaves, et ne réalisent peut-être pas pleinement l’importance de cette musique comme symbole de résistance et de lutte pour la liberté.
Le Bénin, anciennement connu sous le nom de Dahomey, a également été touché par la traite des esclaves. Entre le 17ème et le 19ème siècle, de nombreux esclaves y ont été enlevés pour être vendus aux Européens et aux Américains. Ce commerce transatlantique a eu un impact dévastateur sur les communautés béninoises, qui ont perdu une grande partie de leur population et de leur culture.
Le Bénin a une richesse culturelle et musicale très diversifiée. Ces musiques ont survécu à travers les générations malgré les ravages de la traite des esclaves, et elles continuent de jouer un rôle central dans l’identité béninoise. Cependant, tout comme au Brésil, de nombreux Béninois ne sont peut-être pas pleinement conscients de l’histoire et du contexte de leur musique et de leur culture, et de l’impact qu’a eu la traite des esclaves sur leur identité.
Il est donc nécessaire de reconnaître et de valoriser l’héritage culturel africain dans la formation de l’identité brésilienne et béninoise, ainsi que dans d’autres pays qui ont été touchés par la traite des esclaves. La musique représente souvent un moyen puissant de connecter les gens avec leur histoire et leur identité, et la samba et les autres musiques africaines peuvent servir de ponts pour une meilleure compréhension de cette histoire commune et une célébration de la diversité culturelle.
Il est important de comprendre le contexte historique et culturel du Bénin pour éviter de tomber dans des jugements insultants et irrespectueux, comme cela s’est produit lors du Vodun Days à Ouidah. Insulter les Brésiliennes qui ont dansé la samba avec leur style vestimentaire approprié est une forme de reniement du passé du Bénin, où l’influence brésilienne a joué un rôle significatif dans le développement de la musique et de la danse. Il est essentiel de reconnaître et de valoriser ces héritages culturels, tout en évitant les comportements discriminatoires et offensants.
Hugues Hector ZOGO