Les rapports entre tradition et modernité peuvent varier en fonction des contextes culturels et historiques. Dans le contexte occidental, il y a eu une rupture radicale entre tradition et modernité. Voltaire a réagi contre la tradition chrétienne en mettant en place une nouvelle religion basée sur la raison. Joseph de Maistre considérait la raison humaine comme destructrice et dépendante de l’intervention divine pour permettre à l’homme de vivre en société. Cependant, il y a aussi eu des rencontres entre ces deux concepts. Le débat entre Joseph Ratzinger et Jürgen Habermas a mis en dialogue les valeurs de la tradition chrétienne et celles qui fondent l’État démocratique moderne. Cette rencontre a donné lieu à une conception féconde de la raison et à une compréhension renouvelée du concept de tradition.
En ce qui concerne l’Afrique, la rencontre entre tradition et modernité requiert d’abord une définition de ce qu’on entend par tradition africaine. Cela comprend un ensemble de valeurs, d’attitudes et d’institutions qui structurent la conscience collective africaine, avec l’élément essentiel de la communauté. Cette rencontre a souvent été marquée par un échec, résultant en une littérature apologétique et la doctrine de l’africanisme. Cette doctrine considère la tradition africaine comme une structure immobile et fermée dans le passé.
La marche de la tradition africaine vers la modernité est confrontée au phénomène de l’assimilation, qui menace cette tradition d’absorption. Des mouvements littéraires et philosophiques tels que la négritude et la tigritude ont réagi contre ce phénomène en défendant les valeurs culturelles noires. Certains, comme Aimé Césaire, ont radicalement rejeté l’assimilation, tandis que d’autres, comme Léopold Sédar Senghor, ont cherché un dialogue entre tradition africaine et modernité occidentale.
La modernité africaine peut être réalisée en critiquant les modèles de l’individu moderne et de la communauté traditionnelle. Il est nécessaire d’élargir les critères de compétitivité, d’efficacité et d’innovation pour répondre aux exigences de la mondialisation. Une critique épistémologique peut aussi aider à élaguer les lourdeurs qui entravent l’ascension vers la modernité. L’éducation joue un rôle clé dans ce processus, en encourageant la formation professionnelle et l’éducation à la citoyenneté.
La modernité véritable de l’Afrique peut être réalisée par une transformation concrète au plan économique, politique et moral. L’éducation doit jouer un rôle central en formant la conscience des peuples au respect du bien commun, de la patrie et en encourageant une société civile entreprenante et responsable.
Les rapports entre tradition et modernité sont complexes et peuvent prendre différentes formes. En Occident, il y a eu une rupture radicale entre ces deux concepts, mais aussi des rencontres qui ont permis de repenser la tradition et la raison. En Afrique, la rencontre entre tradition et modernité a été marquée par des échecs et des réactions, mais une modernité africaine peut être réalisée en critiquant les modèles existants et en mettant l’accent sur l’éducation.
Hugues Hector ZOGO