Il est samedi matin et à travers tout le Bénin, les abords des églises et autres lieux de culte sont envahis par des motos et des voitures. Les chapelles et les maisons sont remplies de monde, tous venus rendre un dernier hommage à un être cher. Cependant, cette mort aurait pu être évitée si toutes ces personnes s’étaient montrées disponibles et attentives au malade de leur vivant.
Nous sommes tous destinés à mourir, cela ne fait aucun doute. Mais de nombreuses personnes meurent aujourd’hui faute d’attention, d’assistance et du minimum vital auquel ils ont droit, pendant que d’autres vivent dans une opulence arrogante. Il semblerait que le seul moment où l’homme se sacrifie véritablement, sans rien attendre en retour de ses semblables, soit le jour de son enterrement.
Nous voilà bien vêtus, mais contraints de garer nos voitures à 800m de l’église, du cimetière ou du lieu de réception, marchant sous un soleil brûlant. Ne serait-il pas préférable de laisser le mort à sa famille et de nous soutenir les uns les autres vivants, en déployant une telle énergie ?
Cette hypocrisie que nous entretenons tous, volontiers, dans notre cœur, n’a rien de divin et ne sert à rien. Il est temps de laisser les chapelles se vider, d’arrêter de pleurer en vain et de nous aimer les uns les autres de notre vivant.
Je m’adresse à tous ceux qui, réunis pour des funérailles, réalisent combien leur présence aurait pu être plus utile et sincère de leur vivant. Nous devons cesser de nous préoccuper de notre réputation et de notre image en société, et nous concentrer sur le véritable sens de la vie : l’amour et le soutien mutuel.
Il est crucial de prendre conscience que nos actions peuvent avoir un impact significatif sur la vie des autres et de ne pas attendre le dernier moment pour agir. Ne laissons pas la mort être la seule occasion où nous nous soucions véritablement du bien-être de notre prochain. Offrons-nous mutuellement du soutien et de l’affection de notre vivant, car c’est cela qui nous permettra réellement de construire une société plus aimante et solidaire.
Libérons-nous de l’hypocrisie des éloges posthumes inutiles et utilisons plutôt notre énergie à aimer et soutenir les uns les autres de notre vivant. La vie est précieuse, ne laissons pas les regrets et les remords remplacer les actions et l’amour véritable.
Hugues Hector ZOGO