Chers confrères, chers compatriotes,
Aujourd’hui, je m’adresse à vous avec une préoccupation profonde et un sentiment d’urgence. Au cœur même de notre République, se trouve une communauté de personnes courageuses, dévouées et souvent invisibles : nos journalistes. Ces hommes et ces femmes qui, chaque jour, se lèvent pour informer, éduquer et éveiller les consciences. Leur travail, souvent dangereux et souvent sous-estimé, est un pilier essentiel de notre démocratie. Malheureusement, cette précieuse vocation est de plus en plus menacée, non seulement par des conditions de travail difficiles, mais également par des enjeux de santé désastreux qui coûtent des vies.
Nous ne pouvons plus rester indifférents face à la dure réalité que vivent nos confrères. Combien de journalistes ont déjà perdu la vie de manière précoce, victimes de maladies graves dont ils souffrent en silence, souvent en raison du manque de soutiens et d’accompagnements adéquats ? Parmi ces fléaux, la maladie rénale, particulièrement la nécessité d’une dialyse, est une tragédie que nous devons affronter collectivement. Cette maladie, qui exige un traitement lourd et coûteux, est souvent fatale quand elle n’est pas prise en charge à temps. Combien de nos chers confrères sont actuellement en souffrance, privés des soins essentiels qui pourraient leur sauver la vie ?
Le cas de Judicaël GBAGUID, qui souffre de plus en plus, doit nous servir d’alarme. Doit-on vraiment attendre la disparition d’un autre confrère pour nous rappeler son humanité, son talent, son engagement ? Nous savons tous quelle brillante lumière il était pour notre paysage médiatique. Il ne peut y avoir de si grande tristesse que de voir souffrir un homme dont la voix s’élevait pour défendre la vérité et la justice. Ce que nous faisons aujourd’hui aura des conséquences sur les « bien portants », sur les journalistes qui poursuivent leur noble quête d’information.
En tant que journalistes, nous avons un rôle fondamental dans la société. Nous sommes les yeux, les oreilles et parfois la voix de ceux qui n’en ont pas. Nous dénonçons les injustices, nous tenons le pouvoir responsable et nous donnons une plateforme à ceux qui sont souvent oubliés. Mais qui veille sur nous lorsque la vie nous met à l’épreuve ? Quelle solidarité l’État nous témoigne-t-il lorsque nous sommes victimes de maladies graves ? Il est grand temps que cette situation change.
Il est de notre devoir, en tant que confrères, de plaider ensemble pour une prise en charge sanitaire d’urgence pour nos collègues malades. Nous devons exiger que des mesures soient mises en place pour qu’un soutien financier et médical puisse être offert aux journalistes confrontés à des situations médico-sanitaires critiques. Nous ne pouvons plus rester les bras croisés, observant notre communauté souffrir sans agir. Il est impératif que nous agissions, et ce, sans délai.
Ainsi, je propose que les différentes organisations représentant les journalistes au Bénin se mobilisent rapidement. Nous devons rencontrer notre Président de l’Assemblée Nationale ou tout autre acteur politique pertinent. Ensemble, nous devons insister sur l’élaboration et le vote d’une loi de prise en charge des pathologies graves, dont souffrent nos confrères. L’État doit agir pour garantir l’accès aux soins, notamment en ce qui concerne la dialyse et d’autres traitements essentiels.
À défaut de dispositions légales immédiates, je demande avec la plus grande urgence que le Ministre de la Santé prenne des mesures exceptionnelles pour faciliter l’évacuation médicale de nos journalistes en détresse. Personne ne devrait devoir craindre pour sa vie alors qu’il ne fait qu’exercer son métier. Notre confrère doit être considéré avec dignité et humanité.
Chers députés, vous avez le pouvoir de faire une différence significative. Ne laissez pas cette situation perdurer, ne restez pas impassibles face à cette tragédie. Dites-nous : que faites-vous pour protéger ceux qui vous informent, ceux qui risquent leur vie pour faire briller la lumière de la vérité dans les recoins sombres de notre société ? C’est un appel à l’action, un plaidoyer pour la dignité de tous les journalistes béninois.
Je veux également interpeller nos institutions, nos décideurs : observez ce qui se passe autour de vous. Comprenez les défis auxquels font face vos concitoyens qui travaillent sans relâche pour informer et divertir. Etes-vous prêts à récolter les fruits de leur travail acharné tout en les laissant mourir dans l’indifférence ?
L’heure est à la mobilisation. Il y a urgence à sensibiliser le public, à faire écho à notre souffrance collective. Nous devons faire front commun pour défendre non seulement la vie de nos confrères, mais aussi la liberté de la presse et la vérité qui est souvent mise à mal. La santé de nos journalistes est un enjeu social et un sujet de préoccupation national qui ne peut être ignoré.
Je plaide pour que nous unissions nos forces. Que les associations de journalistes, les organisations non gouvernementales, les acteurs de la société civile et toutes les personnes de bonne volonté se lèvent et appellent au changement. Que chacun d’entre nous, de notre humble voix, fasse résonner cet appel.
Nous avons tous un rôle à jouer dans ce combat. La vie de nos journalistes ne doit pas être un sujet de débats sans lendemain. Ensemble, nous devons éveiller les consciences, sensibiliser les autorités, et pousser à mettre en place une prise en charge efficace et urgente pour sauver la vie de ceux qui se battent chaque jour pour la vérité.
Chers confrères, assurons-nous que le cri de notre communauté ne soit pas réduit au silence. Ce combat pour la dignité et la vie de nos confrères, c’est le combat pour la survie de notre démocratie elle-même. Agissons maintenant, ensemble, avec solidarité et amour pour notre profession.
Cotonou, le 21 août 2024 – 21H30 minutes
Hugues Hector ZOGO
Directeur de Publication – L’Indépendant