Tant pis pour ceux qui, en mélangeant leurs pédales opportunistes, confondent l’amour pour la patrie et l’amour clientéliste pour un chef envahissant en position d’autorité par accident de l’histoire et champion en abus de fonction.
Un intellectuel ne peut pas être dans une relation de subordination hypocrite avec quelqu’un qui se prend pour un chef totalitaire. Il faut remplacer tout le tapis rouge par une natte de 500 m de peau de banane.
L’indécence d’un chef n’a besoin d’aucun procès pour lui ôter son éphémère autorité. Un chef qui jouit d’une réelle compétence éthique, d’une vraie compétence managériale et prospective et d’une compétence technique n’est pas un chef roublard. Il est naturellement respecté et pris pour l’exemple à suivre.
Lorsqu’un chef est derrière chacun avec un gourdin pour jouer au gendarme et au justicier, c’est qu’il n’est pas lui-même un vrai chef, et c’est là qu’intervient la notion de chefs issus d’un accident de l’histoire.
La loyauté est une dette permanente d’honneur et de services éthiques remboursée à la république, et c’est la seule exigence morale qui lie chacun à la patrie.
En revanche, il faut être naïf de croire que la fidélité d’intérêt qu’on éprouve pour un chef d’Etat a une valeur symbolique aussi attachante que la loyauté.
La relation entre un chef d’Etat et ce qu’on appelle une mouvance présidentielle est un panier à crabe, un effet miel-mouches et l’animation d’un marché où se retrouvent des politiciens véreux et des bandes organisées d’opportunistes, tous des carriéristes de ce qu’on appelle dans la langue Fon du Bénin, des DJINGBINS et des DJAGOUDA, autrement dit, ils sont presque tous des braqueurs de la chaîne décisionnelle de l’Etat, d’élections et de deniers publics, avec cinq antivaleurs en partage :
- malhonnêteté,
- mensonge,
- prédation,
- violence sanglante,
- intérêt personnel avant tout.
A 27 jours de la fin de son dernier mandat, opérer un remaniement ministériel prouve que Sall a raté tous ses calculs scénarisés de conservation du pouvoir d’État. Il a tué, emprisonné, opéré un hold-up sur des deniers publics dénoncé dans le livre de Sonko, malgré tous ces comportements monstrueusement hideux, il se retrouve dans la posture du solitaire puant qui repousse, est délaissé à la clôture du marché. Nous rappelons encore que le pouvoir d’État n’est qu’un gaz d’échappement. Il finit toujours par s’échapper et échapper à celui qui n’a qu’une conception belliqueuse et de profiteur d’un tel pouvoir oubliant qu’il n’est qu’un locataire auprès de Dieu et du Peuple.
Les chefs d’Etat qui ne sont pas humbles et jouent au Django finissent toujours par escalader le mur de l’éthique avec un peuple qui le siffle, hue et pince ses narines.
Où sont les griots menteurs où sont-ils tous ses politicards sans scrupule, tous ont déjà changé de veste avec un dernier discours d’adieu : il a fait le con, il n’écoute personne, c’est lui seul qui décide de tout. Le marché est fermé, tous les filous, sortez.
Simon-Narcisse Tomety